Portrait #2 : Coco Chanel

Chanel est une marque qui a su se bâtir comme un classique d’élégance de la mode d’aujourd’hui.

Lorsqu’on me parle du costume Chanel, je pense à ma grand-mère une femme élégante.

Et bien que ma grand-mère n’ai peut-être jamais pu se payer des vêtements Chanel, ceux-ci ont de nombreuses fois été copiés ou encore revisités.

Mais qu’en est-il de sa créatrice qui s’est érigée en légende de la mode Française ?

« Elle était fabricante de légende »

Karl Lagarfeld

Gabrielle avant Coco

Née en 1883 à Saumur, Gabrielle Chasnel est issue de l’union illégitime de ses parents pauvres.

Lorsque sa mère meurt de la tuberculose en 1895, son père abandonne Gabrielle et ses deux sœurs à l’orphelinat de l’abbaye cistercienne d’Aubazine, en Corèze.

C’est là qu’elle apprendra la couture.

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En 1908, aspirant à un meilleur avenir, elle rejoindra la scène d’un café-concert à Moulin où elle sera renommée « Coco » à cause de la chanson qu’elle a l’habitude de chanter : « Qui a vu Coco dans l’Trocadéro ».

Coco est charismatique et une très belle femme. Elle va faire l’objet de nombreuses convoitises et faire la rencontre d’Etienne Balsan, un officier.

Balsan est aussi un homme du monde. Coco et lui deviennent amants mais cela ne durera pas. Coco profitera des mondanités de Balsan pour tisser son réseau, les ex-amants restant bons amis.

C’est par Balsan que Coco va rencontrer Arthur Capel (Boy) duquel elle sera la maîtresse pendant 10 ans.

Boy va la conseiller et la pousser à ouvrir sa première boutique à Paris en 1909. Elle y fabriquera des chapeaux qui auront un style unique et qui plairont immédiatement.

A cette époque, les chapeaux sont pleins de fanfreluches : plumes, fleurs, rubans, fruits… Plus le chapeau était « lourd », plus il était à la mode. Mais les chapeaux de Coco Chanel étaient simples, légers et bien plus élégants !

Coco Chanel : intemporelle

Libérez les femmes !

En 1910, toujours avec l’aide de son amant anglais, elle ouvre une boutique à Paris, « Chanel Modes ». Puis finalement, c’est en 1913, où elle ouvre une boutique à Deauville qu’elle commencer la création de vêtements avec, tout d’abord, des vestes et des jupes : le fameux tailleur Chanel.

Elle va mettre un coup de pied dans la fourmilière de la mode, rendant ce qui ne vient pas d’elle comme démodé.

Elle vient libérer le corps de la femme avec des modèles de vêtements simples, pratiques et adaptés à un mode de voie dynamique.

Pour Coco, nous les femmes devions être libres de nos mouvements. Nous devions être prêtes en toute circonstances à partir à l’aventure !

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Elle crée donc des vêtements pratiques sans corsets et autres balconnets pour que nous puissions bouger comme nous le souhaitons.

Elle fabriquait des vêtements qu’elle portait elle-même, incarnant véritablement ses créations.

Avec 1914 vient la Première Guerre Mondiale. Chanel doit faire face à une pénurie de tissus. Elle fait preuve d’innovation et confectionne des pièces en jersey (utilisé alors pour la fabrication de sous-vêtements masculins).

C’est la naissance de la marinière qui rencontre un franc succès.

N°5 : le parfum emblématique

En mai 1921, Coco se lance dans la conception de parfum avec le premier nez de la maison Chanel, Ernest Beaux. C’est un parfumeur russe qu’elle rencontrera grâce à ses relations avec le tsar Alexandre II.

A la recherche d’un « parfum de femme à odeur de femme », elle sélectionnera l’échantillon n°5 parmi les échantillons qui lui seront présentés.

« Une femme devrait porter le parfum partout où elle souhaite être embrassée »

Coco Chanel

Ce parfum bouleversera les codes de la parfumerie de l’époque qui ne présentait que des parfums floraux avec une senteur simple.

Là où les parfumeurs se contentaient d’une note de tête, le parfumeur composera pour Coco un bouquet de plus de 80 senteurs avec des aldéhydes.

Certains disent qu’elle a choisi le chiffre 5 pour appeler son parfum car il s’agit de son chiffre porte bonheur, d’autres plus pragmatiques diront qu’il s’agissait tout simplement du numéro de l’échantillon.

Chance ou magnificence de cette fragrance, n°5 est aujourd’hui encore le parfum le plus vendu au monde. Un indémodable.

La petite robe noire

« Le style de Chanel, c’est une idée. »

Karl Lagarfeld
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C’est intemporel de la mode a été « créé » par Coco ou plutôt, l’idée d’en faire un intemporel était d’elle.

Les femmes ne portaient du noir que lorsqu’elles étaient en deuil mais Coco Chanel a changé ça en faisant de la petite robe noir un essentiel de la garde-robe féminine.

Aujourd’hui encore, qui n’a pas de robe noire dans son dressing ?

La petite robe noire peut se porter n’importe où et en toute circonstances. Et bien qu’elle ait changé de forme au fil des années, elle reste un classique de la mode d’aujourd’hui.

Les heures sombres

En 1935, le seul homme qui a voulu l’épouser meurt d’une crise cardiaque devant ses yeux. C’est aussi le début de la Seconde Guerre Mondiale.

Coco Chanel va fermer sa maison de couture et licencier toutes ses salariées. Elle se consacrera à ses lignes de parfums.

La collaboration

En 1941, elle se rapprochera des autorités allemandes. Elle obyiendra d’eux une suite au Ritz où elle séjournera avec son nouvel amant, le baron Hans Günter von Dincklage, un officier allemand.

Profitant de ses nouvelles relations, elle essaiera de faire libérer son neveu, qui a été fait prisonnier de guerre, et qu’elle considère comme son fils : André Palasse.

Une maison qui ne lui appartient pas

La maison Chanel bien que portant son nom n’a jamais appartenu à Coco. Elle appartient en fait à 90% à la famille Wertheimer, propriétaires de Bourgeois et leurs associés.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, elle essaiera de profiter des lois allemande afin de prendre entière possession de la Maison Chanel (les Wertheimer étant juifs), manœuvre qui échouera.

Elle entrera en contact avec Winston Churchill à la demande des allemands afin de sonder ses intentions ce qui lui vaudra d’être accusée de collaboration à la fin de la guerre. Churchill interviendra en sa faveur et elle partira vivre 8 ans en exil en Suisse.

Les nouvelles tendances

Le « new look » de Dior

Pendant l’exile de Coco, en 1947, Christian Dior fera ses débuts de couturier avec le « new look ». La taille de guêpe et les balconnets de Dior viendront mettre à mal les efforts de Coco pour libérer le corps de la femme.

Le « New Look » de Dior

« La mode c’est en avant, ce n’est pas en arrière. On ne recule pas,[…]il faut faire les choses avec son époque. »

Coco Chanel

En 1954, elle revient à Paris et rouvre sa maison de couture pour présenter une nouvelle collection qui fût un échec.

La mini-jupe de Quant

En 1958, Mary Quant entre sur le marché de la mode avec sa mini-jupe. Un affront pour Coco Chanel qui lors d’une interview en 1969 dira :« Vous pensez que les femmes auront l’air plus jeunes si elles montrent leurs genoux et leurs cuisses ? »

Coco Chanel était dépassée par la mode. A presque 70 ans, celle qui avait libéré les femmes de leurs corsets était contre le raccourcissement libérateur des jupes.

Et raccourcir les jupes des dames, Coco l’avait elle-même fait !

Chanel et le cinéma

Après 1945, les ventes de produits Chanel se sont étendues au monde entier. Notamment grâce aux soldats américains qui voulaient ramener un souvenir à leurs petites amies restées au pays. Et quoi de plus élégant et français qu’un flacon de Chanel n°5 ?

C’est grâce à une interview de Marylin Monroe que Coco Chanel reviendra sur les devant des projecteurs dans les années 60.

En 1957, à la question « Que portez-vous le soir pour dormir ? », l’actrice avait poliment répondu « Juste quelques gouttes de Chanel n°5… »

Coco Chanel se verra récompensée par un Oscar de la Mode.

La mode changeante jusqu’à la dernière minute

« En trois semaines on peut faire beaucoup de choses, y compris changer la mode »

Coco Chanel

Coco Chanel était une vraie travailleuse. Elle travaillait jusqu’à la dernière minute sur ses modèles, retirant ce qui ne lui plaisait pas au dernier moment.

En 1969, après l’un de ses défilé, elle révélera que si elle devait refaire sa collection, elle changerait TOUT !

Elle avait déjà une semaine et était démodée.

Si elle n’était pas morte un dimanche de 1971, elle se serait présentée le lundi matin dans son appartement du 21 rue Cambon à Paris, au deuxième étage pour travailler.

Avant qu’elle arrive, le voiturier aurait prévenu la maison de couture pour qu’une employée pulvérise du Chanel n°5 sur l’escalier menant à son appartement.

Je crois que j’admire cette femme pour la légende qu’elle a su se construire. Certes elle a fait de mauvais choix dans sa vie mais j’apprécie la vélocité avec laquelle elle a pu se battre.

Les légendes n’en restent pas pour le moins humaines ?


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